Débuts...des buts

Début…des buts

Dès mon plus jeune âge le football a été une passion.

Je m’imagine un peu comme l’élève en tablier photographié par Robert Doisneau, la tête en l’air et rêvassant à je ne sais quoi. Moi je  savais à  quoi  je rêvais car je ne pensais qu’au foot, au grand désespoir de mon père et de mes professeurs. Enfant du Nord de l’après guerre j’étais plus intéressé par les percées de Jean Baratte l’avant centre du LOSC face à René Vignal, le gardien du Racing Club de Paris,que par les exploits de Jules César traversant le Rubicon.

A l’époque nous ne disposions pas, en classes primaires, de terrain de foot mais d’un espace dans lequel nous installions nos pulls sous un caillou pour former les buts.

Des années plus tard, alors que mon métier me permettait d’aller souvent en Afrique, j’ai retrouvé ces installations très fantaisistes où régnait la même joie de jouer. Je suis fasciné par ces terrains de foot parsemés de gros pavés ou même de baobab avec, en guise de buts, trois troncs d’arbres ou trois roseaux. Là de jeunes joueurs qui se prennent pour Roger Milla ou ,un peu plus tard, pour Zinédine Zidane, tapent dans un vieux ballon, en rêvant eux aussi d’égaler leurs idoles éphémères.

Chaque fois que j’en ai eu l’opportunité je me suis arrêté et j’ai pris des photos, des centaines de photos. Et,  foot et photos confondus, j’ai pris conscience à un certain moment que le but était un cadre et qu’à l’intérieur de ce cadre on pouvait, certes, loger le ballon mais aussi découvrir une photo. C’est fou ce qui peut se passer en Afrique en restant quelques temps à un endroit et plus particulièrement devant un terrain de foot même désert. Il suffit d’attendre que la photo se fasse, toute seule..

Qu’y a-t-il à l’intérieur  d'un but ?

   Une image, peut être celle qu’aurait pu rêver le jeune enfant, saisi par Doisneau, si il avait su qu’un jour il serait devenu photographe au lieu d’être footballeur.

                                                                                                     Jean-Pierre Evrard

                                                                                                       Août 2007